dimanche 25 décembre 2011

Préface à "Concevoir et Construire..."


 Le lecteur francophone qui désire s'informer sur la facture de harpes n'est pas au bout de ses peines ! Actuellement, à ma connaissance, aucun ouvrage n'est disponible, si l'on excepte des travaux déjà anciens, passablement dépassés, et qui plus est introuvables...
 C'est paradoxalement à cette misère de l' édition française que je dois la découverte du livre de Jeremy Brown « Folk Harp Design and Construction », que j'ai parcouru, mis en pratique, et finalement traduit. Comme l'auteur le dit lui même dans sa préface, ce livre est le fruit de vingt années d'expérience dans la conception, la facture, la réparation de harpes folk (= celtiques...) vendues en kit par son entreprise Musicmaker's.
 Construire soi même son instrument de musique en kit ou sur plans, est un phénomène assez nouveau sur le vieux continent, mais très développé aux États-Unis; les luthiers amateurs y sont très nombreux et souvent très inventifs. Jeremy Brown reconnaît lui-même avoir beaucoup appris de ses clients, ce qui est une approche humble et moderne d'un art ancien quelque peu figé dans sa tradition.
 C'est cela qui m'a donné envie de traduire ce livre: précis, sérieux, méthodique, d'un abord facile et résolument pratique, il mène par la main le lecteur à travers tous les pièges de ce travail difficile, et cela sans jamais dramatiser, sans jargon inutile, avec une grande ouverture d'esprit et toujours une pointe d'humour.
 La méthode développée dans ce manuel est particulièrement simple et efficace: commencez par tracer le profil de la harpe sur la « planche à dessiner » fournie avec l'ouvrage, reportez les longueurs de cordes en fonction des notes voulues, et dessinez autour de cette solide armature tout le reste de l'instrument... Elle laisse aussi une grande part à créativité de chacun: une fois la structure de base définie, tout est libre et possible à condition de respecter les règles de base (les bien nommées « règles d'or ») et de tenir compte des mises en garde, souvent de simple bon sens.
A titre d'exemples et de modèles, l'auteur n'hésite pas à donner un descriptif précis de toutes les harpes produites par Musicmaker's, ce qui est d'une grande générosité.
 Je laisse le lecteur découvrir et expérimenter tout cela, en espérant que ce livre donnera aux luthiers « de chez nous » l'envie de communiquer eux aussi et de rendre compte de leur savoir, de leurs expériences et de leurs interrogations.

 Bonnes harpes !

 Didier Saimpaul

vendredi 2 décembre 2011

PERCEUSE A CONSOLES


Un bricolage dont je suis bien content: une perceuse à colonne modifiée pour tout le travail de perçage des consoles de harpes.
Une console prête à être percée, ou mieux encore un ensemble console-pilier, pièce assez volumineuse. Impossible de faire tenir ça sur le petit support réglable porte-étau. La seule solution est de poser la pièce bien à plat sur un plan de travail fixe. C'est donc la perceuse elle même qui va devoir monter ou descendre sur la colonne; c'est en principe impossible, mais on peut arranger la chose...

Première étape, enlever le carter de protection supérieur, pour permettre à la colonne de passer AU MILIEU de la courroie (entre les deux poulies). Il y a un interrupteur à enlever, quelques connections électriques à modifier...et un peu de limage de butées ménagées dans le corps de la machine.
Deuxième étape, enlever le PIETEMENT d'origine, qui va nous gêner pour placer la console sous la perceuse, et visser directement la colonne sur le plan de travail, au moyen de ses trois boulons.
Et c'est tout ! On a  maintenant l'outil idéal pour percer notre console : on peut régler sa hauteur à volonté, avec des jeux de cales, par exemple, ou à la main, en fonction des forets utilisés.On peut percer autant de trous que l'on veut à une profondeur déterminée, et on est sûr de ne pas percer de travers... Essayez, vous m'en direz des nouvelles !




Honnêtement, je n'ai rien inventé une fois de plus... les anciennes perceuses à colonne permettaient d'effectuer ces réglages, qui ne sont plus d'actualité avec nos machines modernes made in china...


Si vous en avez une dans ce genre qui moisit dans votre garage, je suis preneur !




mardi 25 octobre 2011

LA HARPE AU COEUR


Ma première harpe, je devais avoir 7 ou 8 ans :



UNE HARPE MAGIQUE qui est aussi une créature féminine, qui parle (ou du moins qui crie). Quelque peu ambiguë : elle appartient au mauvais géant et le protège...


Puissance de ces images de livres d'enfance!


Ma deuxième, vers 18 ans :  Une fille très belle, aux longs cheveux blonds, aux yeux clairs, rencontrée dans un bar où je m'étais réfugié un après-midi d'orage. Je n'ai pas osé lui parler, mais j'ai écrit pour elle ce texte :

"Vous aimez la pluie ?"
Elle n'entendit pas...
Elle était assise, là, comme une harpe.
Ses longs cheveux faisaient penser aux cordes longues.
Ses yeux semblaient deux mains caressant la mélodie sérielle de la pluie.
Ses mains tremblèrent légèrement. Elle porta le verre à ses lèvres,
but un peu, puis le reposa et recommença de compter les gouttes sur le bow-window.
"Vous aimez la pluie ?"


Encore une harpe-femme, une vision fugitive et fragile comme le cristal...
C'est bien-sûr à la harpe romantique, la harpe de concert, que je pensais. J'ai d'ailleurs gardé une tendresse particulière pour les harpes à pilier droit .
En ce temps là, il n'y avait pas encore de harpes celtiques, ou si peu !

J'ai voyagé ensuite en Irlande, dans les années 70, mais là-bas non plus, je n'ai pas vu beaucoup de harpes, sauf sur les enseignes des Pubs ou sur les pièces de monnaie, comme celle-ci, curieuse, avec ses sept faces  et une image de la"Brian Boru" :





J'ai par contre entendu là-bas beaucoup de belle musique, et en particulier Mary O'Hara, qui chantait divinement des ballades traditionnelles et s'accompagnait à la harpe de concert... un grand moment.


J'avais presque oublié tout ça... et curieusement c'est un guitariste qui m'a fait ressortir d'un coup cette harpe que j'ai au cœur; ce type-là faisait lui même ses guitares...il fallait que moi, je construise une harpe !
J'ai découvert alors que l'on pouvait (aux US) construire une harpe en kit...puis j'en ai fait une autre, en copiant librement, puis une autre encore, puis...c'en était fait, j'avais attrapé le virus.
Maintenant, c'est peut-être un peu tard pour moi, mais je ne rêve plus que de construire des harpes...
Bien sûr, il a bien fallu que je commence à apprendre à jouer... mais ceci est une autre histoire !


jeudi 7 avril 2011

UNE HARPE BIEN CORDEE

  • Les cordes sont en place, 34 cordes Nylon dont les 7 dernières sont filées Nylon sur Nylon; Sur la Régency, elles sont prévues en acier filées sur acier ou nylon, mais je n'aimais pas bien le bruit de ferraille qui en sortait...
Là, le son est plus doux et bien moins agressif.
Elle commence à tenir l'accord : Un vrai moment de bonheur !

Maintenant,je vais me mettre sérieusement à plancher sur les palettes de demi-tons ...



Harpe finie ! Un vrai régal à jouer...     



lundi 21 février 2011

CHEVILLES ET SILLETS

  • Chevilles et sillets sont installés dans leurs trous respectifs :


Les chevilles traversantes filetées se vissent simplement avec une clé d'accord, ou à la visseuse avec un embout (fourni avec les chevilles).







Les sillets peuvent théoriquement se visser, mais la tête de vis est minuscule, et ça n'est pas commode: je les enfonce carrément avec un maillet et un petit morceau de bois avec un trou  de 5mm au milieu pour faire butée et les aligner tous à la même profondeur.


Plus que les cordes à installer !

vendredi 18 février 2011

FAISONS LE POINT

  • Que reste-t il à faire à présent ? D'abord, quelques retouches, fentes un peu larges et petits éclats, à boucher avec un mastic, une "pâte à bois" faite en mélangeant colle et sciure du bois correspondant : il faut toujours garder un peu de fine sciure de chaque bois !
Un dernier ponçage, et il va falloir décider de la finition à faire. J'avoue ne pas être trop à l'aise avec les vernis, j'y viendrai peut être un jour, mais pour le moment je me contente de finir mes harpes avec de la cire d'abeille, un peu diluée dans de l'essence de térébenthine, bref un genre d'encaustique. En plus de la bonne odeur, ça protège bien le bois et lui laisse sa (ses) couleur naturelle. Je ne cire évidemment que l'extérieur de la harpe, l'intérieur restant brut. Un polissage final avec une brosse souple spéciale fait doucement luire l'ensemble, sans ces effets de brillant agressifs que je n'aime guère.

Reste à installer la "quincaillerie", sillets et chevilles. Et les palettes de demi-tons ? Pourquoi ne pas les avoir prévues dès le départ, sur la planche à dessin ?
La théorie nous dit (avec, par exemple, Gildas Jaffrennou) qu'il suffit de marquer  sur la console, le point correspondant au 1/18 ème de la longueur de chaque corde. On peut aussi, avec encore plus de précision, utiliser un logiciel de calcul de frettes pour instruments à cordes, comme celui qui est disponible on line sur le site de Musicmaker's:

 http://www.harpkit.com/mm5/merchant.mvc?Screen=CTGY&Store_Code=MK&Category_Code=fretcalc

Dans ce cas, évidemment, seule la première frette nous intéresse...
Tout cela est loin d'être faux, mais de nombreux facteurs vont intervenir pour modifier sensiblement, DANS LA REALITE, ces beaux calculs.

Il est plus avisé de ne poser les palettes qu'au dernier moment, une fois que l'instrument est cordé, qu'il a été joué, réaccordé de multiples fois jusqu'à tenir l'accord. Tout à besoin d'être bien en place, bien calé, c'est seulement à ce moment là que l'on pourra décider (ou non) d'installer des palettes: elles se posent "à l'oreille" ET à l'aide d'un accordeur électronique.

A vrai dire, je n'ai pas encore choisi quel type de palette installer. Celles que l'on peut trouver dans le commerce sont horriblement chères, j'aimerais bien essayer d'en faire moi même des "système D"...

mercredi 16 février 2011

CLOUAGE

  • Chez les charpentiers, on aime les clous ! J'ai pris l'habitude de clouer la table d'harmonie à son cadre, en plus du collage. Bien sûr, pas avec les mêmes clous que les charpentiers ! J'utilise des petits clous en laiton de 2cm de long, avec une tête ronde, que je trouve très décoratifs.
Les montants de la table font 1,5cm de large. Je trace donc, tout autour de la table, une ligne à 7,5mm du bord. Sur cette ligne, je marque les emplacements de mes trous à raison d'un trou tous les 3cm. Un coup de pointeau avec le pointeur optique Véritas sur chaque marque : il ne reste plus qu'à faire des avant-trous à la perceuse, juste à travers l'épaisseur de la table :





Quand c'est fait, c'est le moment d'effectuer un ponçage définitif et fin de toute la table : si l'on mettait les clous maintenant, ce ponçage deviendrait impossible à faire !
J'utilise une petite ponceuse vibrante type "delta", légère, bien en main, et assez puissante, avec un abrasif 120 puis éventuellement 150 ou 180 pour la finition :




Maintenant le clouage. Il faut un marteau avec une tête un peu arrondie, pour ne pas marquer le bois de la table. Si un clou se tord (le laiton est assez malléable) ne pas chercher à le redresser: on l'enlève et on en met un autre...




On peut à présent poser aussi les oeilletons, qu'il sera toujours possible d'enlever après:




Le laiton des oeilletons va bien avec celui des clous...



lundi 14 février 2011

ASSEMBLAGES

  • Pour que les cordes tombent le plus droit possible sur la table, il faut décaler un peu la console (et donc le pilier) vers le côté droit: c'est ce qui explique le travers.
Vous avez remarqué que, dans ce type d'assemblage, l'ensemble console-pilier N'EST PAS collé à la caisse, ni en bas où nous nous contenterons d'une grosse cheville, ni en haut avec cette articulation "flottante" sur un demi-cylindre; cela n'est pas traditionnel : la plupart des facteurs de harpes collent et ferment définitivement ces assemblages. Cette technique a été développée par certains luthiers américains, dont Jérémy Brown (voir livre ci-contre) et je la trouve personnellement beaucoup plus logique et plus intelligente. Quel besoin de s'acharner à coller et à bloquer, alors que la tension des cordes obtiendra le même résultat et assurera, en souplesse, la cohésion de l'ensemble ? Ne pas bloquer ces assemblages permet aussi aux pièces de continuer à jouer légèrement en fonction des tensions et des variations hygrométriques, d'où nettement moins de fentes et de cassures par la suite... Enfin, et c'est un grand avantage, la harpe reste DEMONTABLE : il suffit d'enlever les cordes pour séparer la caisse de l'ensemble console-pilier; inappréciable pour toute modification ou réparation ultérieures.

Vous vous souvenez que j'avais taillé le pilier un peu long, en laissant de la marge. Il faut à présent l'ajuster avec le plus de précision possible au bas de caisse, de façon à ce que le haut de  caisse coïncide avec la queue de console. Procéder en douceur, par approches successives, en enlevant peu de bois à la fois et en  présentant les pièces après chaque intervention; on corrige petit à petit, jusqu'à un bon ajustage, que l'on améliorera encore avec quelques passes de râpe à bois et d'abrasifs...


Entaille du bas de pilier      
Le pilier est en place
La queue de console aussi...



Là, ça commence à ressembler à une harpe !




dimanche 13 février 2011

PONCER ET FINIR

  • C'est sec: ponçage de la caisse à la ponceuse à bande, avec un abrasif assez fin (120). La résine encrasse vite les bandes. On continue à poncer plus finement avec une petite ponceuse delta ou autre ponceuse de finition et un abrasif pus fin (150 ou 180).
Il faut à présent poncer les joints époxy: le meilleur outil est ici un morceau d'abrasif roulé selon la forme voulue; ne pas hésiter à creuser un peu les sillons. Il faut obtenir des joints bien lissés :

Ponçage fini
Dans une chute de planchette pour les lattes, je taille et je colle maintenant un "chapeau" qui va venir coiffer la pièce du haut et border le haut de la table:


Notez que le bord supérieur doit être dégauchi selon un angle à repérer pour s'harmoniser avec la table.

Vous vous souvenez que notre queue de console finissait par une forme semi-cylindrique qui a dû vous intriguer...Nous allons à présent construire la pièce qui va venir s'articuler à cette forme et joindre caisse et console.
Il s'agit donc d'un demi cylindre PLEIN  de même diamètre et qui sera fixé sur le "chapeau" de caisse ci-dessus. Pour le fabriquer, le plus simple est de tailler QUATRE petites lattes, de les coller deux à deux, puis d' assembler les deux parties par des vis bien enfoncées dans le bois : on obtient ainsi un carrelet de la dimension voulue, qu'on va pouvoir arrondir sur un tour à bois ou à métaux. Il suffira ensuite d'enlever les vis pour récupérer un demi-cylindre parfait :



On perce la pièce pour y placer deux tourillons:


On met en place sur le chapeau en perçant les deux trous correspondants:


Pas besoin de colle ici, la pression de la console suffira bien !
Notez que la pièce est disposée nettement de travers. Non, ça n'est pas une erreur, je vous avais prévenu, tout est de travers sur une harpe ! Nous en parlerons la prochaine fois...

samedi 12 février 2011

JOINTS EPOXY

  • Il me reste un peu de résine époxy. J'en prépare environ 200g, que je mélange avec de la sciure d'Ipé , tamisée fin,  pour obtenir une sorte de mastic très visqueux (pas liquide) . L'Ipé est un bois exotique de couleur brun foncé : ce que je cherche à faire ici est de créer un contraste entre le bois très clair de la caisse et les joints presque noirs remplis de ce mastic. L'époxy a aussi l'avantage de tout fixer très solidement.
Avec une spatule, et en essayant de ne pas en mettre partout (car après il faut poncer !) je remplis les joints, puis je les lisse le plus soigneusement possible, en enlevant tout ce qui peut être enlevé autour... il ne reste plus qu'à laisser sécher au moins 24h

Attention avec l'époxy, la température du local où l'on travaille doit être au moins de 18°. Nettoyez-vous les mains plutôt à l'alcool qu'à l'acétone...


vendredi 11 février 2011

CAISSE 5,5

  • Suite d'hier: je reviens sur quelques points. Les lattes sont vissées sur la structure : il faut donc percer des avant-trous aux bons endroits. Une fois les trous percés, mesurez le  diamètre des têtes des vis utilisées, et avec une mèche de ce diamètre, percez  de nouveau sur les marques de ces trous jusqu'à une profondeur de 5 mm; les têtes des vis vont disparaître à 5mm sous la surface du bois, et l'on pourra ensuite boucher ces trous avec des fausses chevilles, qu'il suffira de coller et d'araser à la fin :



 Je procède de même pour les défauts des planches récupérées: petits éclats, trous de clous ou de vis : j'agrandis le trou avec une mèche jusqu'à la moitié de l'épaisseur du bois, et je colle dans ce trou un bout de branche de n'importe quel arbre, mais bien sèche et de même diamètre : une fois arasé, cela donne un faux noeud qui ressemble assez à un vrai...

Deux fausses chevilles et un faux noeud !

Nos lattes sont taillées avec des bords droits: quand on les juxtapose pour faire un arrondi, évidemment apparait une rainure vide . On peut tailler les lattes selon un certain angle pour éviter cela. J'ai choisi ici, au contraire, de les laisser et de les remplir de résine époxy pour en faire des sortes de "joints congés"  comme ceux qu'on utilise en charpente marine; nous verrons cela demain !

jeudi 10 février 2011

CAISSE 5

  • Cette structure doit maintenant être "habillée" , recouverte de lattes de bois. Il semble que la qualité du bois importe peu ici, l'essentiel pour la production du son étant la table . Gildas Jaffrennou, dans son livre "Folk Harps" va jusqu'à recommander de réaliser des caisses en fibre de verre et polyester !
Pour ma part, j'ai préparé ces lattes à partir de planches de récupération en pin, rabotées pour une épaisseur d'environ 1cm. Je taille d'abord deux lattes de la longueur de la caisse, de l'épaisseur des montants + celle de la table : ces lattes une fois collées constituent donc un rebord le long de la table.
 




Je prépare 5 autres lattes de même longueur, larges de 12cm. On en place d'abord une sur la latte d'un montant, et l'on marque les endroits où elle doit être sciée pour laisser la place à la suivante... c'est plus simple à faire qu'à expliquer... on la scie bien droit, on la met en place provisoirement en la vissant sur la base, le haut et les deux renforts, puis on fait de même pour l'autre côté. Même procédure pour la deuxième latte.  Au final, il ne nous reste plus qu'à tailler et mettre en place celle du milieu, plus délicate parce qu'il va falloir y ménager les 3 ouvertures ou trous d'accès aux cordes:

Après avoir taillé cette dernière latte, qui ferme donc la caisse, je marque les emplacements des trous à percer pour les ouvertures, qui doivent  éviter de tomber sur les deux renforts de caisse  !
Trous plus larges en bas, et rétrécissant vers le haut: je me sers de mon assortiment de scies à cloche, de la plus large (63mm) à la plus étroite (22mm) . On trace ensuite des lignes tangentes aux deux trous, et l'on découpe à la scie sauteuse le long de ces lignes: un peu de finition, et nos ouvertures sont prêtes: 



Puisque tout est prêt, fermons la caisse:


mercredi 9 février 2011

CAISSE 4

  • Les pièces sont prêtes à être fixées définitivement, après ultime essai avec la latte, et corrections de finition.

Si quelque chose ne va vraiment pas, il est souvent plus rapide de refaire une pièce, plutôt que de s'acharner à corriger...








Avant de tout assembler, il faut encore tailler, dans la table d'harmonie, le passage du pilier: en effet, le pilier, sur notre dessin, traverse le bas de la table pour aller s'appuyer sur la base. Il faut donc ménager une alvéole suffisamment large et longue pour que le pilier puisse traverser la table SANS LA TOUCHER. Peu de luthiers ont adopté ce système suggéré et utilisé par Jeremy Brown, mais je pense, moi, qu'il a raison...



C'est aussi le moment de raboter un peu la barre de renfort interne: on lui laisse toute son épaisseur en bas de table, et on l'affine progressivement en allant vers le haut, jusqu'à une épaisseur de 2 à3 mm en haut.

On peut maintenant fixer définitivement nos quatre pièces, avec colle et vis. La base et le haut sont collées aussi sur la table d'harmonie à l'aide de quelques serre-joints :




mardi 8 février 2011

CAISSE 3

Cette latte va nous servir aussi à trouver le bon angle de coupe: la distance qui manque du côté HAUT est en trop du côté BASE :



Si l'on dispose d'une scie à ruban avec table inclinable, il suffira d'incliner la table selon cet angle pour procéder à la découpe finale des pièces.
Sinon, le procédé est un peu plus complexe: du côté BASE, on trace une ligne perpendiculaire au centre O du demi-cercle, puis sur cette ligne et EN DESSOUS DU POINT O on reporte la distance relevée sous la latte et on marque le point O'. Ce point est le centre d'un deuxième demi cercle, diminué en hauteur de la valeur de l'angle de coupe.
Il faut à présent découper nos pièces rondes pour en faire des supports polygonaux; j'ai choisi de placer cinq lattes en plus des deux lattes de l'épaisseur des montants, nous allons donc découper nos  demi-cercles en 5 parties: cela correspond au Décagone, dont je vous  rappelle le tracé à tout hasard :


Voilà ce que donne ce tracé du côté HAUT :
Avec la scie à ruban  et sa table inclinée au bon angle, il suffit de suivre ce tracé pour finir la découpe des pièces. Si l'on veut faire cette découpe à la scie (japonaise!), il nous faut le tracé côté BASE :


On procède en suivant en biais les deux lignes des deux côtés à la fois... un peu sportif, mais on y arrive !

lundi 7 février 2011

CAISSE 2

  •  Pour construire notre caisse, il va falloir tailler, puis fixer plusieurs éléments, destinés  d'une part à fermer la caisse en haut et en bas, d'autre part à accueillir les pièces qui vont constituer l'arrondi et le dos.
Ce qui rend ce travail un peu compliqué, c'est que tous ces éléments vont nécessiter plusieurs coupes selon des angles obliques: pas un angle droit là dedans ! On aurait pu dessiner une forme plus simple...
Il faut quatre pièces: le haut de caisse, la base, et deux renforts. Base et haut vont venir se coller sur la table transversalement, alors que les renforts NE DOIVENT PAS TOUCHER LA TABLE ni la barre de renfort intérieure: ils ne s'appuieront que sur les deux montants longitudinaux et leur partie centrale sera évidée pour pouvoir accéder aux cordes..
On commence par relever  la largeur de la table à la base; on divise par 2 pour avoir le rayon du demi-cercle à tracer. Sur une pièce de bois AVEC LE FIL DU BOIS ORIENTE TRANSVERSALEMENT on trace une ligne transversale pour matérialiser la hauteur des deux montants: notre demi-cercle va être tracé au dessus. On trace alors ce  demi-cercle au compas : on peut maintenant débiter la pièce à la scie sauteuse, sans s'inquiéter des angles pour le moment :


On relève sur le plan, avec une fausse équerre, l'angle que fait la table avec la base: le bord droit de notre pièce doit être taillé selon cet angle; je me sers pour faire ce travail d'une petite dégauchisseuse, mais un bon rabot manuel ou électrique peut aller.
Même procédure pour la pièce du haut et pour les deux pièces intermédiaires de renfort. Pour placer et tracer ces deux pièces, on divise la longueur de la table par 3, on trace donc deux lignes perpendiculaires à l'axe de la table, qui vont nous donner les diamètres des deux demi-cercles à tracer. Notez que ces deux renforts ne doivent pas toucher la table mais rester 1,5 cm au dessus, et que leur bord inférieur n'a donc pas à être taillé selon l'angle des deux autres pièces: on peut simplement l'arrondir à la ponceuse:



Nos quatre pièces doivent maintenant être assemblées provisoirement sur le dos de la table et ses deux montants. On installe la base, puis le haut, et on place une latte bien droite sur le dessus ; de cette façon on peut vérifier et au besoin ajuster la position des renforts intermédiaires :



Pour la base et les deux renforts, qui doivent "chevaucher" les montants, il faut tailler des entailles avec le plus de précision possible.
Pour la pièce du dessus, ce sont au contraire les extrémités des montants qui seront taillés:





On assemble les pièces sur les montants avec des vis, après avoir fait des avant trous dans les montants et creusé un peu avec une plus grosse mèche pour cacher les têtes des vis.

jeudi 3 février 2011

CAISSE 1

  • La chambre d'harmonie, ou "caisse" assure l'amplification et la transmission du son produit par les cordes: la table d'harmonie assure l'essentiel de ce travail, mais le reste de la caisse y participe, un peu comme une enceinte de haut parleur.
Il y a de multiples façons de construire une caisse. Jusqu'ici, j'ai construit des caisses dites "carrées", qui sont les plus simples: une table, deux planches pour les côtés et un dos, amovible ou non.
Pour cette fois, je vais essayer de m'approcher davantage de la caisse "ronde" dont je rêve, et qui me semble la forme la mieux susceptible de produire un beau son. J'y viendrai, mais pour le moment j'envisage de construire une caisse "polygonale", plus simple,  qui devrait bien convenir à l'esthétique de cette harpe.

Après avoir dégauchi les côtés de ma table, je taille deux montants d'environ 1,5cm d'épaisseur sur 4cm de large et dépassant la longueur de la table des deux côtés. Je les colle sur les deux bords :





















Inutile pour l'instant de couper ce qui dépasse: laissons sécher !
Ces montants vont nous servir à accrocher tout le reste : le bloc supérieur, la base, et deux pièces destinées à renforcer l'intérieur de la caisse; on se sert donc de la table d'harmonie comme gabarit...

mercredi 2 février 2011

BARRE DE RENFORT EXTERIEURE

  • Là, ça sera vite fait: je ne mets pas de barre de renfort à l'extérieur de la table ! Quand on utilise du CP aviation, cette pièce n'est pas nécessaire; je la trouve aussi assez inesthétique sur une belle table large aux tons clairs...

lundi 31 janvier 2011

BARRE DE RENFORT INTERIEURE

 
  • Côté intérieur de la table, il est bon d'installer une barre de renfort, surtout pour éviter que les cordes tendues ne passent à travers en arrachant le bois (phénomène que, personnellement, je n'ai jamais encore constaté avec le CP aviation).
Cette barre est une latte rabotée à 7-8mm d'épaisseur, mesurant dans les 5cm de large en bas et 3 à 3,5cm en haut en se rétrécissant de bas en haut. Il n'est pas indispensable qu'elle fasse toute la longueur de la table, mais elle doit pouvoir "assurer" tous les trous des cordes; justement, nous allons maintenant tracer une ligne médiane en son milieu, et reporter sur cette ligne les points de passage des cordes, toujours à partir du gabarit de profil préparé au début. Une fois les points tracés, on les marque au pointeau avec le "pointeur optique" comme vu précédemment:


Il ne reste plus qu'à percer à la perceuse à colonne, avec une mèche correspondant au diamètre extérieur des oeillets métalliques à installer sur la table (ici du 4mm).

Une fois percée, cette barre de renfort va nous être fort utile pour repérer et effectuer tous les perçages des trous de passage des cordes dans la table.
On perce (avec prudence) dans la table le trou correspondant à la  marque de la corde la plus aiguë, en haut  de la table; on place la barre de renfort dessus.  On assemble alors provisoirement la table et la barre par un boulon de 4mm, avec rondelles et écrou, et sans serrer trop fort. Avec la barre bien dans l'axe de la ligne médiane de la table, on perce à travers la barre le trou correspondant à la note la plus basse, on met un autre boulon dans ce trou. Il ne reste plus qu'à percer prudemment la table à travers les autres trous de la barre; comme elle risque d'être trop large pour le passage dans la perceuse à colonne, il faut faire ce perçage à la main ou avec une perceuse portative. Attention en sortant de l'autre côté de la table de ne par faire trop d'éclats, un bloc de bois placé dessous aide bien.


On enlève les boulons, ON RETOURNE LA TABLE, et on colle maintenant la barre DE L'AUTRE COTE: s'il y a des petits éclats, ils seront recouverts par la barre... On remet les boulons pour le positionnement et le serrage, on peut même en rajouter d'autres à travers les trous, mais toujours avec des rondelles et des protections du côté extérieur (visible) de la table. Comme il n'est guère possible d'utiliser des serre-joints ici, à cause de la largeur, ces boulons sont bien utiles. On pose également sur la barre des objets lourds pour assurer la pression nécessaire au collage: