dimanche 4 novembre 2012

DANS LES PAS DE COUSINEAU (I)


"Palettes", "leviers" permettent d'augmenter une note d'un demi ton, voire de deux avec le système particulier (mais équivalent) des harpes à pédales. Ces mécanismes réduisent la longueur vibrante d'une corde, comme sur les guitares, mandolines et autres violons.

 Il y a cependant une autre approche possible pour hausser une note d'un demi ton.
 Plutôt que de réduire la longueur vibrante d'une corde, on peut en augmenter légèrement la tension, avec un dispositif ad hoc : c'est ce que l'on fait sur les harpes qui ne disposent pas de palettes: on change de gamme en tournant les chevilles directement.
Il suffirait donc, en théorie, d'installer sur les chevilles un dispositif qui permettrait de les faire tourner JUSTE ASSEZ pour augmenter la tension de la valeur voulue et obtenir ainsi l'altération recherchée.

Beau programme ! L'idée n'est pas neuve : elle a été mise en oeuvre à la fin du XVIII ème siècle par un luthier parisien, génial et modeste, grand harpiste en son temps, Georges Cousineau.
Quelque harpes magnifiques équipées de ce système * subsistent encore: Celle de Joséphine de Beauharnais, harpiste à ses heures, conservée à la Malmaison. Un autre exemplaire appartenait à Sébastien Erard, qui aimait bien emprunter les idées de Cousineau (sans le nommer!) et avait d'ailleurs construit un prototype sur le même modèle, mais pour élever la note d'un demi-ton ou d'un ton entier...déjà moins simple !
 Alexandre Budin, luthier bien connu, a entrepris d'en restaurer une autre (a-t il terminé ?) et a publié sur Facebook une série de photos qui permettent de se rendre compte de la complexité relative du système, et d'en entrevoir le mécanisme.
Hélas, malgré plusieurs perfectionnements, ce système ne fonctionnait pas comme il aurait dû, et les demi-tons devenaient rapidement faux; ces changements continuels de tension  modifiaient très vite l'élasticité de la corde, surtout avec les cordes en boyau de l'époque.Cousineau lui même finit par abandonner cette idée et en expérimenta d'autres, dont une harpe à 14 pédales qui est l'ancêtre direct de la harpe de concert "à double effet" actuelle.
(à suivre)

* Voir Dagmar Droysen-Reber, « Die Cousineau-Harfe mit den ‘chevilles tournantes’ », Musica instrumentalis 3, 2001, pp. 129-137.




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